Départ de
Marennes dans le froid et sous la pluie. J'étais dans le paradis des huîtres je
n'en ai même pas mangé une. Je n'ai même pas fait le détour pour aller chez
Gillardeau, la Rolls des huîtres. Hier je n'en pouvais plus et ce matin j'ai un
horaire à tenir. Il faut que j'arrive à Royan avant 14h30 pour prendre le bac
sur la Gironde. Le vent souffle en rafale de côté. J’ai un pont à passer sur la
Seudre ça ne va pas être facile. C'est un pont qui a été conçu par les
ingénieurs Jacob et Delafont. Tous les cinq mètres un trou est prévu pour
évacuer la pluie mais comme le vent est trop fort il pulvérise l'eau en
gouttelettes qui sont projetées jusqu'à deux mètres de haut ce qui fait que je
suis douché à la fois par le haut et par le bas. Très ingénieux.
De l'autre
côté mon parcours emprunte une piste cyclable dans la forêt. Je suis vaguement
inquiet. J’ai tort la piste est goudronnée et à peu près plate. Les arbres me
protègent du vent c'est le bonheur.
Je suis tout seul à en profiter. Tout seul?
Non. Des chasseurs sont là. Ils sont probablement mandatés pour récupérer un
fauve échappé du zoo de la Palmyre tout près. Le fauve doit être dangereux. Ils
sont des dizaines armés jusqu'aux dents, en en faire pâlir l'armée française. Des
4x4 tout neufs des fusils rutilants des talkie-walkie. Je mets mon gilet jaune
et essaie de ressembler le moins possible à du gibier. « Moi pas sanglier,
pas biche, pas fellaga, pas taliban. Ne tirez pas ». Ça canarde dans tous
les coins. J’entends les chiens hurler à quelques mètres de moi. Si le cerf sort
du bois devant moi je suis mort. Je croise des chasseurs avec des gilets orange
et des 4x4 pendant plusieurs kilomètres. Vivement que ça se termine. Enfin je
n'entends plus tirer.
Je ne le vois
pas mais je l'entends, l'océan est tout près. Je laisse mon vélo et escalade la
dune. Derrière, les vagues sont déchaînées. L'écume vole, le sable aussi.
Je
reviens dans mon sous-bois. Je passe dans des villes désertes. A une certaine
époque il était à la mode de donner un nom aux maisons secondaires. Ici elles
portent les prénoms de leurs premiers acquéreurs ou des noms de pierres
précieuses ou encore des noms de dieux grecs et romains. je préférais les jolis
noms évocateurs des maison de Loire Atlantique : "sitôt dit sitôt
fait", "mon doux exil", "solitude", "nous
deux"... Il y a quelques restaurants de fruits de mer mais héroïquement je
passe mon chemin. Je ne m'arrêterai que devant le bac de Royan. C'est une bonne
idée il ne me reste que trois quarts d'heure pour manger. Pas d'huître je me
console avec un bar. Ensuite petite croisière dans l'estuaire de la Gironde. Un
bac c'est comme un pont sauf que c'est le bateau qui pédale et qu'on peut si on
veut se mettre à l'abri du vent. Moi, je n'ai pas payé cher ma traversée mais
j'en profite quand même pour me mettre à l'avant et profiter du vent, des
embruns et du paysage. J'ai dû me tromper de bateau car j'arrive dans un port
qui a tout d'un port de la Baltique en décembre. Il fait noir, le ciel menace,
il fait froid.
Non, j'entre en bateau en février dans le département de la
Gironde. Pas de panneau. La piste continue dans la forêt sauf que maintenant
j'ai une voie ferrée touristiques à côté et qu'il pleut des trombes.
Un nouvel
élément dans mon périple que je n'avais encore pas rencontré. Ici ce n'est pas
l'eau qui me barre la route, ce sont les dunes qui traversent la piste
cyclable. C'est contournable à pied ou bien, là où la piste passe trop près de
la mer, les mairies ont fait passer un bulldozer mais à un moment un panneau
indique "piste cyclable tracé localement difficile". Va-t-il falloir
que je déplace la dune pour tracer mon chemin? Je n'ai pas prévu de pelle. Je
fais demi-tour et emprunte la route.
Arrivée mouillée mais sans soucis à Soulac sur mer. 57 km faciles et une croisière aujourd'hui. Appartement gigantesque pour le prix d'un petit. Mon vélo à même le droit de se reposer au salon.
Un marchand d'huitres? Demain. Bon.
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