mercredi 19 février 2014

Étape 19 Moissac Toulouse

Je traîne au petit déjeuner pour discuter avec les bénévoles qui tiennent le gîte de Moissac. Ce sont deux belges retraités bien sympathiques qui passent leurs hivers au couvent/gîte d'étape et leurs été dans les temples bouddhistes du Tibet.
Ici, je n'impressionne personne, on a l'habitude de croiser des voyageurs, dont certains font le tour du monde à vélo. Je suis un tout petit scarabée, mais qui sait, peut-être vais-je grandir?
Il pleut sur Moissac. Je bats en retraite dans le couvent des garçons. Il est séparé de celui des filles de quelques mètres en altitude et quelques centaines de mètres en distance. Dieu seul sait ce qui a pu se passer entre ces hommes séparés des femmes et ces femmes séparés des hommes et dont les cloîtres sont disposés de telle sorte que les chants des uns soient audibles par les autres et vice versa.





La pluie s'arrête, je ressors. Ma retraite aura duré 1 heure, 1 minute et 1 seconde. Sur la place des statues de Toutain. Je suis fan.



La grand mère de Casimodo balaye le parvis de l'abbatiale.





















Comme à Agen; le pont-canal sur le Tarn est fermé. Pas de soucis, je contourne sans me perdre.

Je ne suis pas en avance. Il est onze heures, j'ai 70 Km à faire et j'ai rendez-vous avec ma chérie pour une séance de photos à l'arrivée. J'appuie fort sur mes pédales. pour ma dernière étape, je roule à 20Km/h. La piste est bonne et j'ai un petit vent favorable.
Tiens! un bateau attend gentiment la marée haute. Il n'est pas près de repartir.


J'arrive à Montech et sa pente d'eau, un ascenseur à bateaux qui permet d'économiser le passage de 5 écluses.


C'est la ville de ma "tatie", ma troisième grand-mère qui était bonne comme le bon pain. Une petite pensée sur sa tombe que la mairie a déclarée abandonnée. Poussière, tu retourneras à la poussière... Salut, Tatie, on va s'occuper de ta tombe ou te laisser partir, tu nous dis ce que tu préfères.

Repas dans un resto familial. Papa et maman bullent, la fille court partout et fulmine. On lui souhaite de trouver vite du travail ailleurs à la petite...
Je repars sous la pluie qui ne dure pas. "Il faut te l'enlever l'immmperméaple, il va faire chaud" me crie un vieux. Je lui obéis. Il a raison, je n'aurai plus de pluie jusqu'à destination.
Je ne suis qu'à 40 Km de Toulouse. Quand j'étais petit, venir à Montech était une expédition. je croyais que c'était au bout du monde. En fait, c'est tout près, on peut venir à vélo :-)
Je retrouve avec plaisir les hérons. Ils ne se sentent pas bien quand l'eau est trop claire et ne pêchent qu'en eaux troubles. Il est de quel parti déjà le héron? Chasse, pêche et petits goujons, peut-être.
J'arrive en Haute-Garonne, il y a un panneau.
J'ai promis à ma chérie de la prévenir quand je serai à 15 Km de Toulouse mais je ne sais plus où j'en suis, il n'y a plus les panneaux kilométriques auxquels j'étais habitué depuis la Gironde. En remplacement, le conseil général a posé d'énormes panneaux : "PRUDENCE" vous pourriez avoir un accident mais on vous aura prévenus, nous, nous n'y serons pour rien, et même si la route est défoncée. Je reconnais bien l'esprit qui anime la noble institution, tout dans le parapluie, rien dans le service à l'usager. En fait, si j'ai pris du recul sur pas mal de chose, sur mon ancien (futur?) employeur, rien. Je suis toujours en colère. J'appuie plus fort sur mes pédales. Je n'ai jamais roulé aussi vite si longtemps. Demain, pas de longue étape, je peux me le permettre.
Sur le bord du canal, des anciens moulins et micro-centrales hydroélectriques désaffectées. Et pourquoi ne pas les remettre en service et baisser le régime de Golfech?
On sent la ville toute proche. Les zones industrielles et les lotissements se succèdent, les premiers SDF aussi...




Je pédale maintenant entre le canal et les gravières dont les petits cailloux ont servi à bâtir Toulouse. La ville est grande, les gravières immenses. Ca fait le bonheur des oiseaux d'eau
Maintenant, je longe la rocade (les toulousains ont du mal à dire "périphérique", ça fait parisien), je vois les embouteillages de la ville, on peut dire que mon périple touche à sa fin


Les ponts jumeaux. Paris Match a embauché une photographe pour me mitrailler.


Je me demande si je n'ais pas un ticket avec la journaliste.


Une pause devant l'Hôtel du Département.
Ma chérie a prévu une bouteille de champagne pour fêter ça !



79 Km aujourd'hui. A fond, mais je n'ai même pas mal. Si un peu.

Un petit bilan à chaud ?

1.185 Km au total, 88 heures de vélo (google en prévoyait 48 :-) à une moyenne de 13,37 Km/h.
Une seule crevaison, un seul problème de matériel et réparé avant la casse.
Une seule étape sans resto.
Un seul hôte qui ne répondait pas au téléphone.
Pas de problème de santé, pas de fatigue, pas d'insomnie, toujours le sourire (quelquefois, après l'arrivée seulement...)
Des inondations en pagaille, des déviations un peu partout.
Du vent, quelquefois en tempête et quelquefois face à moi, quelquefois avec moi.
Des oiseaux, des petites bêtes, des arbres, des arbres, des arbres.

Pas de galère.

Pour le bilan financier on verra plus tard. C'est sûr que partir en hiver coûte sensiblement plus cher que de partir en été, mais moins cher qu'une psychanalyse. 
J'ai trouvé presque tout ce que je suis allé chercher et au delà quelquefois.

En partant en hiver, j'ai eu les voies vertes, les gites d'étapes et les restos pour moi tout seul. Parfait pour un voyage intérieur. Si je veux rencontrer du monde, la prochaine fois, je partirai en été.
En tous cas, je n'ai pas eu chaud, pas froid non plus et les tempêtes ne m'ont pas mangé, n'en déplaise à France Info et ses parapluies radiophoniques.
Deux bonnes nouvelles : Je n'ai pas manqué d'eau et je ne sens pas le renfermé.

La vie est belle, presque autant que l'oeil de ma chérie sur moi.

1 commentaire:

Unknown a dit…

bravo olivier, nous sommes très fiers de vous, encore bravo en espérant que toutes vos attentes se sont réalisées
en attendant de vos nouvelles de votre nouvelle vie sans selle !!!
irène et michel verdier de la crêperie les blés d'or à avessac 44